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Méthodologie : La dissertation littéraire (EAF, sujet 2)

Objet d’étude : l'argumentation

convaincre, persuader, délibérer / l’essai, le dialogue, la délibération.


La dissertation littéraire est un "jugement argumenté et délibéré" (BO p. 81), un discours argumentatif, un essai littéraire (rédigé à la troisième personne du singulier).

Le sujet présenté sous la forme d’une question ou d’une citation d’auteur ou de critique littéraire soulève une problématique littéraire à partir d’un corpus de textes qui s’inscrit dans le cadre d’un des cinq objets d’étude du programme : la stratégie argumentative proposée par le candidat suit avec ordre et méthode une progression logique, claire et rigoureuse. Elle vise à entraîner l'adhésion du lecteur aux thèses qu'on présente successivement à son assentiment et doit aboutir à un discours composé d'une thèse, d'une antithèse et d'une synthèse.

La démonstration passe obligatoirement par l'analyse d'exemples littéraires : toute affirmation doit donc être vérifiée par un exemple littéraire (en l’absence d’exemple littéraire, le paragraphe est nul).


La dissertation littéraire relève de l’énonciation impersonnelle et de l’argumentation explicite. Le candidat s’adresse donc, dans une situation de discours distanciée, à la raison de son correcteur : il cherche à convaincre à l’aide d’une stratégie argumentative composée de deux ou trois thèses étayées par des arguments illustrés par des exemples littéraires. Cette démarche rationnelle et logique de démonstration organisée suivant un plan progressif rigoureux clairement précisé dans l’annonce de l’introduction et rappelé dans les introductions et conclusions partielles du devoir peut être complétée par une stratégie de « séduction » destinée à persuader.

Le raisonnement logique induit doit déboucher sur une synthèse : en classe de 2de la conclusion générale fait souvent office de synthèse mais en première le candidat peut essayer de développer cette troisième partie de son raisonnement .

La dissertation littéraire consiste donc en une démonstration qui progresse par la discussion objective d'éléments opposés ou complémentaires vers une conclusion. Ouvrant la voie à la délibération, elle met en œuvre différentes opérations intellectuelles : démontrer, convaincre, persuader, délibérer.


La dissertation est la synthèse de tous les types d’exercices qui supposent une démarche inductive et déductive à partir d’un référentiel littéraire. Elle met en œuvre l’esprit d’examen (cf. méthode cartésienne, p. ) et l’esprit critique : lecture analytique des textes (comment fonctionnent-ils ?) et dégagement de problématiques liées aux objets d’étude (pourquoi ?)

La question sur le corpus, par la problématique qu’elle soulève à partir des textes proposés, prépare à la dissertation littéraire, de même que tous les commentaires de textes et toutes les lectures qui permettent d’illustrer la problématique du sujet.

Tout discours qui vise à convaincre, persuader et inviter à délibérer à partir d’un corpus et de problématiques littéraires met en œuvre les qualités argumentatives de la dissertation littéraire.

A la différence d’une dissertation d’histoire, de philosophie ou d’économie, la dissertation littéraire s’appuie sur un référentiel littéraire et culturel destiné à témoigner de ses lectures mais surtout de sa capacité à en dégager des problématiques littéraires, d’où l’importance de la lecture de « classiques » de la littérature pour nourrir les paragraphes du devoir et de la lecture analytique pour dégager très vite des problématiques en lien avec les objets d’étude du programme sans dérives narratives, amalgames, paraphrases, contresens et toute autre forme de bavardage.

STRUCTURE DE LA DISSERTATION LITTERAIRE :


L'introduction présente le thème de l'objet d'étude, le sujet et sa problématique : elle sera rédigée au brouillon (de même que la conclusion) aussitôt que le plan détaillé aura été trouvé.


Exemple de sujet sous forme de citation (niveau 2de) :

"La vraie lecture commence quand on ne lit plus seulement pour se distraire et se fuir, mais pour se trouver."

Votre expérience de la lecture vous conduit-elle à souscrire à ce propos de Jean Guéhenno ?


Le sujet composé d’ une citation aussi courte que celle-ci sera entièrement relevé entre guillemets dans le cadre d’une phrase de présentation (Si la citation est longue, elle sera partiellement citée et commentée à partir des expressions-clés qui la composent).

La problématique du sujet soulevée dans une phrase au discours indirect à partir des mots ou expressions-clés du sujet qui l’expose permettra d’engager le débat : «La définition de Jean Ghéhenno semble induire deux façons de lire puisque selon lui il existerait « une vraie lecture ».

  1. Présentation de l’objet d’étude et du thème du sujet : la lecture entre fiction et réalité ?

  2. Présentation du sujet : citation et explication du sujet : « la vraie lecture … »

  3. Dégagement d’une problématique : existe-t-il une « vraie lecture » ?

  4. Annonce du parcours herméneutique (plan) * Eviter les séries d’interrogatives dans l’annonce du plan..

PLAN THEMATIQUE (analyse de la thèse) PLAN DIALECTIQUE (analyse critique de la thèse) :

I. « se distraire, se fuir » ? I. « La vraie lecture » selon J. Guéhenno

II. pour « se trouver » ? II. Qu’est-ce que la lecture ? Existe-t-il une « vraie lecture » ?


Le développement est une démonstration composée qui progresse au moyen de trois parties : thèse, antithèse, synthèse. Chacune de ces thèses est précédée d'une introduction partielle et terminées d’une conclusion partielle. Composée de deux ou trois sous-parties (ou paragraphes), elle permet d'examiner un aspect du sujet : le raisonnement de thèse en antithèse et en synthèse doit suivre une progression logique dont les étapes seront annoncées ou résumées, reformulées et enrichies (pour éviter les répétitions fastidieuses) dans chaque introduction et conclusion partielles pour permettre au lecteur de suivre le fil de l’analyse.

La thèse et l'antithèse ne sont pas systématiquement opposées : elles peuvent être complémentaires. Le raisonnement mis en œuvre dans chacune des deux thèses (thèse et antithèse) vise à convaincre et à persuader. Il ouvre la voie, à partir des conclusions partielles qui offrent un bilan et un élargissement destinés à faire rebondir le raisonnement, à une délibération en synthèse. Cette troisième partie du devoir correspond au cas le plus abouti de l'argumentation où la confrontation d'idées et de prises de position débouche sur une réponse ou un moyen terme.

La synthèse est la troisième partie du devoir où on délibère : on décide par un débat de la position à prendre, on pèse* le pour et le contre si le plan est dialectique pour dépasser les contradictions, ou on fait la somme des éléments réunis et on débouche parfois sur un autre aspect du sujet si le plan est analytique, thématique ou explicatif. On élargit la discussion dans la synthèse. Souvent la conclusion fait office de synthèse (surtout en seconde).

* rappel de l’étymologie commune de « peser » et « penser » : « pensare » en latin => d’où, « peser le pour et le contre » pour délibérer = « penser ».


Le plan : le plan adopté suivant le sujet proposé peut être dialectique s'il soulève le débat et se prête à la discussion, sinon il sera analytique : explicatif s'il suffit de commenter et d’illustrer la citation ou la proposition en suivant différentes orientations données par les mots-clés du sujet qu'on se contentera de commenter et d'illustrer successivement (c'est ce qui arrive le plus souvent quand le sujet est long), thématique si la proposition, la question ou la citation soulèvent plusieurs perspectives complémentaires qu'il convient d'examiner par ordre d'importance. Le plan le plus efficace dans tous les cas sera progressif.


Le paragraphe : chaque thèse sera composée d’au moins deux paragraphes.

Tout paragraphe sera impérativement argumentatif et démonstratif. Introduit par un argument en rapport direct avec la problématique induite par le sujet, illustré d’exemples littéraires expliqués et commentés (titres des œuvres soulignés et citations entre guillemets), il sera terminé par une conclusion destinée à rappeler les enjeux du devoir (cqfd). Les arguments des paragraphes et les exemples seront diversifiés.

Rappel : en l’absence de démonstration (vérification par l’exemple) le paragraphe sera nul


La conclusion : elle propose un bilan du parcours, une réponse à la question soulevée par la problématique du sujet, ou un moyen terme (une synthèse) qui permette de concilier les deux propositions de la thèse et de l'antithèse, ou une autre perspective selon laquelle envisager le sujet. Elle replace le sujet dans le cadre de l'objet d'étude étudié et propose un élargissement. * Travailler la reformulation des conclusions : enrichir le raisonnement au fil du devoir pour éviter les répétitions fastidieuses qui témoignent de la pauvreté linguistique, argumentative et culturelle du candidat.


1. Bilan du parcours ;

2. Réponse ou moyen terme :

se perdre pour « se trouver » (plan I) (« classique » : « un livre qui n’a jamais fini de dire ce qu’il a à dire » , Italo Calvino)

=> mise en cause de la lecture et du lecteur et ouverture sur une perspective plus large qui dépasserait les contradictions apparentes.

Existe-t-il une « vraie lecture » ? Remise en cause de la thèse et ouverture sur une perspective plus complexe (épistémologique) : définition de la lecture et du lecteur à partir de la dialectique : lecture passive/ active

=>mise en cause de la lecture et du lecteur et ouverture sur une problématique plus complexe qui s’appuierait sur la problématique précédente (accepter de se perdre pour « se trouver ») pour réfléchir sur les livres : « les meilleurs livres » , « un classique » . Existe-t-il de bons et de mauvais livres ? Une bonne et une mauvaise façon de lire ?

3. Ouverture (élargissement) :

Exemple : du réalisme à la subjectivité plus complexe du Nouveau roman et de l’art contemporain => LIRE pour ECRIRE : dépasser les opinions et les jugements > délibérer… * Eviter les interrogatives, le psittacisme et les citations « forcées » (hors de propos).

Une aventure d’écriture et de lecture : « je ne comprends pas comment on peut écrire une histoire déjà explorée », Marguerite Duras

« Les meilleurs livres sont ceux dont les lecteurs font eux-mêmes la moitié » , Voltaire


« La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie , la seule vie par conséquent réellement vécue, c’est la littérature», Marcel Proust, Le Temps retrouvé (La Recherche du temps perdu).


Ouvrir l’espace du jeu argumentatif, du « je » > « se trouver » par la lecture

difficulté de lecture ? … dépassement des difficultés : quand l’aventure d’écriture devient une aventure de lecture…


problématique : littérature : réalité /fiction ?


Paramètres proposés pour l’enrichissement des conclusions partielles et la synthèse de la conclusion générale qui ouvre la voie à la délibération : la dialectique lecture passive/ lecture active (cf. la définition de Voltaire) > exploration du réel (roman : réel concentré) : miroir…

« C’est la contradiction qui donne la vie en littérature », Balzac, Illusions perdues


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SUJETS DE DISSERTATION LITTERAIRE en 2de

Objet d'étude : le théâtre en 2de / comédie et tragédie


I. Sujets sur le théâtre en général :


Sujet 1 : A Athènes, dans l'Antiquité, les citoyens assistaient en masse aux représentations théâtrales. Le théâtre était considéré non seulement comme un divertissement, mais aussi comme un moyen d'éducation morale et civique.

Les pièces que vous avez étudiées vous paraissent-elles pouvoir remplir ce double rôle ?


Sujet 2 : "Le théâtre est un champ de forces, très petit, mais où se joue toujours toute l'histoire de la société, et qui, malgré son exiguïté, sert de modèle à la vie des gens."

A l'aide d'exemples précis, vous analyserez, commenterez et discuterez éventuellement ce jugement du metteur en scène Antoine Vitez.


Sujet 3 : "Ce qui caractérise la tragédie, si nous donnons à ce mot son sens rigoureux, c'est le fait que les conflits y sont essentiellement insolubles".

Que pensez-vous de cette définition de la tragédie donnée par Lucien Goldmann dans Structure de la

tragédie racinienne ? Les tragédies que vous connaissez sont-elles de nature à l'illustrer ?


Sujet 4 :

« Le théâtre, c’est d’être réel dans l’irréel », écrit Giraudoux dans L’Impromptu de Paris. Comment, dès l’exposition, les rapports entre artifice et réalité se mettent-ils en place ? Vous répondrez à cette question à partir des textes du corpus et des pièces de théâtre que vous connaissez.

Que pensez-vous de cette définition de Giraudoux ?


Sujet 5 : P.-H. Simon, un critique contemporain, affirme : "Un texte dramatique est un texte littéraire conçu en vue d'être représenté ; sa nature est double : il n'existe pas sans un style, appréciable à la lecture, et, pourtant, ses valeurs propres ne peuvent jaillir pleinement que par le jeu théâtral, par la représentation."

Vous commenterez ce jugement en illustrant votre développement d'exemples variés et précis empruntés aux œuvres théâtrales que vous avez étudiées.


II. Sujets sur le Classicisme :


Sujet 1 : L'écrivain italien Italo Calvino tentait de dire ce qu'on entend exactement par les termes d'"œuvre classique" et proposait cette définition : "Un classique est un livre qui n'a jamais fini de dire ce qu'il a à dire."

Vous commenterez cette définition en vous demandant dans quelle mesure elle s'applique aux pièces de théâtre "classiques" que vous avez étudiées.


Sujet 2 : "Il nous faut du nouveau, n'en fût-il plus au monde", proclame l'Apollon de La Fontaine. Pensez-vous que les pièces de théâtre "classiques" ont fait leur temps et que les jeunes de l'âge atomique doivent étudier seulement des œuvres théâtrales contemporaines ?




III. Sujets sur le comique :


Sujet 1 : Le comique n'a-t-il dans une œuvre qu'une fonction de divertissement ?

Vous fonderez votre réflexion sur les comédies que vous avez étudiées.


Sujet 2 : "On ne peut pas faire de bon comique sans philosopher un peu".

Que pensez-vous de cette définition du comique donnée par Raymond Devos et pensez-vous qu'elle puisse s'appliquer aux pièces comiques que vous avez étudiées ?


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SUJETS DE DISSERTATION LITTERAIRE en 1ère

objet d'étude : LE THEATRE / texte et représentation en 1ère



SUJET 2004 :


Dans quelle mesure le costume de théâtre joue-t-il un rôle important dans la représentation d’une pièce et contribue-t-il à l’élaboration de son sens pour le spectateur ?

Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur le corpus (textes et annexe), sur les textes que vous avez étudiés en classe, ceux que vous avez lus ainsi que sur les spectacles que vous avez pu voir.


SUJETS SUR LE THEATRE:


  • Le texte théâtral est-il suffisant en lui-même pour monter un spectacle ?

Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur les textes du corpus, sur ceux que vous avez étudiés en classe, vos lectures personnelles et votre expérience de spectateur (Pondichéry - juin 2002)


  • "Le personnage dramatique ne commence vraiment à vivre que sur scène. Les diverses interprétations qu'on peut en donner le modifient de façon sensible. […] L'interprète, au théâtre, mérite amplement son nom : il transpose, si fidèle soit-il", affirme Maurice Descotes dans Les Grands Rôles du théâtre de Racine (1957).

En vous appuyant sur les documents du corpus et sur les pièces de théâtre que vous connaissez, montrez que le personnage de théâtre n'est pas figé, mais qu'il est en constante création et mutation.


  • "Voilà le fond dont on eût pu faire, avec un égal succès, une tragédie, une comédie, un drame, un opéra, etc. […] Le genre d'une pièce, comme celui de toute autre action, dépend moins du fond des choses que des caractères qui les mettent en œuvre."

En vous appuyant sur le corpus de documents et sur les pièces que vous connaissez, vous commenterez et apprécierez cette affirmation de Beaumarchais.


  • Faut-il, selon vous, rechercher au théâtre une reproduction fidèle de la vie ?

Justifiez votre réponse en vous appuyant sur les textes du corpus et sur vos connaissances personnelles.


  • Gilles Aillaud affirme qu'il est des pièces qui ne sont pas à "représenter mais à lire".

Vous réfléchirez sur ce propos en vous aidant du corpus, des œuvres que vous avez étudiées en classe et de votre expérience de spectateur.


  • "Les pièces de théâtre sont faites pour être jouées. "

Discutez cette affirmation de Molière. Vous vous demanderez ce que perd une pièce à être seulement lue. Vous vous appuierez sur les textes du corpus et sur vos lectures et expériences personnelles.


  • P.-H. Simon, un critique contemporain, affirme : "Un texte dramatique est un texte littéraire conçu en vue d'être représenté ; sa nature est double : il n'existe pas sans un style, appréciable à la lecture, et, pourtant, ses valeurs propres ne peuvent jaillir pleinement que par le jeu théâtral, par la représentation."

Vous commenterez ce jugement en illustrant votre développement d'exemples variés et précis empruntés aux œuvres théâtrales que vous connaissez.


  • Vous vous demanderez ce qui, depuis l'Antiquité, pousse les hommes à écrire des pièces de théâtre et à assister à des représentations.


  • Dans Notes et Contrenotes, Ionesco compare les pièces de théâtre à un match.

Que pensez-vous de cette comparaison ? Dans un développement composé, vous chercherez les points communs entre une pièce de théâtre et un match ; vous indiquerez aussi les limites de cette comparaison. Vous vous appuierez sur vos lectures personnelles et sur votre expérience de spectateur.


  • Une pièce de théâtre n'est jamais finie ; création collective, elle échappe à son auteur pour renaître chaque fois différente, soumise à des re-créateurs multiples (metteur en scène, acteurs, décorateur, public…).

Vous analyserez cette singularité du théâtre, vous direz en quoi elle peut-être fascinante, mais vous en indiquerez les limites. Vous vous appuierez sur le corpus, sur vos lectures et vos expériences personnelles.


  • Le théâtre est l'art de la provocation.

Comment peut-on prendre cette affirmation à la lumière des scènes proposées par le corpus ? Vous direz dans quelle mesure vous acceptez cette définition du théâtre.

Janus, le dieu au double visage

samedi 13 février 2010

"Autrefois tu me disais tout"... Figaro, Le Mariage de Figaro, Beaumarchais, III, 5

Janus, le dieu à double visage
Divinité romaine du changement, gardien des passages et des croisements, il veille sur les ouvertures :
ouverture de l'année, de la guerre ("polemos" en grec)
(les portes de son temple étaient fermées quand Rome était en paix)

"Il faut avoir une pensée de derrière, et juger de tout par là, en parlant cependant comme le peuple."
Pascal, "Raison des effets", Pensées, 336


La stratégie du détour des
Fables de La Fontaine
: à suivre...


"Les membres et l'estomac"



"Les Obsèques de la lionne"






"Intelligenti pauca"