Anti-héros qui ne parvient pas à endosser l'héritage paternel, symbolisé par un costume de clown trop large et trop long, ce personnage à la dérive concentre toute l'étrangeté mélancolique du livret, comme de la musique. Cette figure de bouffon paumé et désœuvré appelait sans doute la référence au Pierrot lunaire de Schoenberg : d'où cette intrusion de l'un des poèmes d'Albert Giraud mis en musique par Schoenberg, Evocation (« Madonne des hystéries »), chanté en français par l'une des sopranos, parenthèse qui fait surgir en négatif tout ce que refuse l'art de Bianchi comme celui de Pommerat – l'outrance expressionniste.
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Le dialogue :
Le théâtre : "un champ de forces", Antoine Vitez
Cercles/Fictions, Joël Pommerat
Lassé de la sur-communication et du bavardage qui remplissent la société actuelle, ses mises en scène remettent en question le théâtre dialogué, en privilégiant d'autres formes de communication.
Grâce à mes yeux, Joël Pommerat
Une école du spectateur, aujourd'hui (ou une école du regard) :
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"L'art ne reproduit pas le visible, il rend visible", Paul Klee
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du XVIIème siècle au XVIIIème siècle
L'éducation des pères et des mères : l'école des femmes et des maris
"-- Non, vous ne m'aimez pas comme il fait que l'on aime"
Célimène à Alceste dans Le Misanthrope, Molière
Les mariages forcés :
"Je suis le maître, je parle : allez, obéissez" , Molière, L'Ecole des femmes
Le Comte :
... Autrefois tu me disais tout.
Figaro :
Et maintenant je ne vous cache rien.
Le Mariage de Figaro, Beaumarchais, III, 5
"Tempo è galant'uomo"
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Diderot, Le Paradoxe sur le comédien (1773-1777 ; publication posthume, 1830)
« Si le comédien était sensible, de bonne foi, lui serait-il permis de jouer deux fois de suite un même rôle avec la même chaleur et le même succès ? »
Le Paradoxe sur le comédien, Diderot, 1773
Si le comédien était sensible, de bonne foi, lui serait-il permis de jouer deux fois de suite un même rôle avec la même chaleur et le même succès ? Très chaud à la première représentation, il serait épuisé et froid comme un marbre à la troisième. Au lieu que, imitateur attentif et disciple réfléchi de la nature, la première fois qu'il se présentera sur la scène sous le nom d'Auguste, de Cinna, d'Orosmane, d'Agamemnon, de Mahomet, copiste rigoureux de lui-même ou de ses études, et observateur continu de nos sensations, son jeu, loin de s'affaiblir, se fortifiera des réflexions nouvelles qu'il aura recueillies ; il s'exaltera ou se tempèrera et vous en serez de plus en plus satisfait. S'il est lui quand il joue, comment cessera-t-il d'être lui ? S'il veut cesser d'être lui, comment saisira-t-il le point juste auquel il faut qu'il se place et s'arrête ?
Ce qui me confirme dans mon opinion, c'est l'inégalité des acteurs qui jouent d'âme. Ne vous attendez de leur part à aucune unité ; leur jeu est alternativement fort et faible, chaud et froid, plat et sublime. Ils manqueront demain l'endroit où ils auront excellé aujourd'hui ; en revanche, ils excelleront dans celui qu'ils auront manqué la veille. Au lieu que le comédien qui jouera de réflexion, d'étude de la nature humaine, d'imitation constante d'après quelque modèle idéal, d'imagination, de mémoire, sera un, le même à toutes les représentations, toujours également parfait : tout a été mesuré, combiné, appris, ordonné dans sa tête ; il n'y a dans sa déclamation ni monotonie ni dissonance. La chaleur a son progrès, ses élans, ses rémissions, son commencement, son milieu, son extrême. Ce sont les mêmes accents, les mêmes positions, les mêmes mouvements ; s'il y a quelque différence d'une représentation à l'autre, c'est ordinairement à l'avantage de la dernière. Il ne sera pas journalier : c'est une glace toujours disposée à montrer les objets et à les montrer avec la même précision, la même force et la même vérité. Ainsi que le poète, il va sans cesse puiser dans le fond inépuisable de la nature, au lieu qu'il aurait bientôt vu le terme de sa propre richesse.
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Ecoutez la rediffusion de l'émission de Raphaël Enthoven sur France-Culture "Les Nouveaux chemins de la connaissance" : entretien avec Raymond Trousson sur le théâtre de Diderot et Le Paradoxe sur le comédien.
* Raymond Trousson, professeur émérite de l'Université libre de Bruxelles et biographe de Diderot
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La comédie (classe de 2de) : Le Misanthrope de Molière
ETRE ou PARAITRE ?
VRAI-FAUX ?
ART-ARTIFICE ?
ou
Comment Molière exprime-t-il le blâme ?
« Castigat ridendo mores »
1664 – les 3 premiers actes de Tartuffe
1665 - Dom Juan
1666 – Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux
1668 - Amphitryon ; L'Avare ou l'école du mensonge (comédie en 5 actes et en prose)
1669 - Tartuffe
1669 - Le Bourgeois gentilhomme
1671 - Les Fourberies de Scapin (farce à l’italienne)
1672 – Les Femmes savantes
1673 - Le Malade imaginaire
"Castigat ridendo mores"
(devise de Molière empruntée à la Commedia dell'arte)
I. La "vis comica" de Molière :
Les canevas et les personnages de la "Commedia dell'arte" :
Jeux de masques, d'esquives et d'affrontements : la fourberie des valets de comédies sur le modèle d'Arlequin...
Du comique de farce aux comiques de situation et de caractère dans les hautes comédies de moeurs et de caractère de Molière :
de Saganarelle à La Flèche et à Scapin ...
de Dorine à Martine...
Comment la relation dominant-dominé évolue-t-elle dans les comédies de Molière ?
de Dorante...
Valère...
Trissotin...
à
... Tartuffe ...
et ... Dom Juan ...
II - L'évolution des relations maîtres-valets du théâtre baroque aux XVIIème et XVIIIème siècle français :
XVIIème siècle : le rapport dominant-dominé dans les comédies de Molière
Dorine-Orgon dans Tartuffe
Dom Juan-Sganarelle dans Dom Juan
Philaminte-Martine dans Les Femmes savantes
Harpagon-La Flèche (Valère, Maître Jacques) dans L'Avare
Scapin-Géronte dans Les Fourberies de Scapin
XVIIIème siècle : les retournements de situation (avec notamment les travestissements dans les comédies de Marivaux et de Beaumarchais)
Arlequin et son maître dans le théâtre de Marivaux
Figaro et le Comte Almaviva dans la trilogie de Beaumarchais
Jacques le fataliste et son maître, Diderot
Les comédies de Molière :
L'Avare : I, 3 (cf. L'Aulularia de Plaute)
Dom Juan : II, 3
Les Femmes savantes : comédie de moeurs en 5 actes et en alexandrins (notamment sur l'éducation des filles)
I, 1 (1ère partie : v.1 à 72; 2ème partie : jusqu'à la fin); I, 2 (v. 181 : "Vous triomphez ma soeur" à la fin); I, 4; II, 3; II, 6 (1ère partie : du début à 457 : "Pis" ; 2ème partie : du v. 458 : "Comment diantre, friponne" à la fin) ;); II, 7 (du début à 561 : "Mais vous en faites vous d'étranges en conduite"); III, 3 (v. 969 à la fin ; ou v. 898 : "Avez-vous vu un certain petit sonnet... ?")
Le Misanthrope : I, 1 ; I, 2 (à partir du vers 376 : "Franchement, il est bon à mettre au cabinet"; II, 1 ; II, 4 ( à partir du vers 650 : "Pour bien peindre les gens vous êtes admirable" ; III, 1 ; III, 4 (coupes possibles : vers 893-904); IV, 3 (à partir du vers 1332 : "Pourquoi désavouer un billet de ma main?" ; coupes possibles : v. 1381-1384 ; 1401-1409); scène dernière (jusqu'à : "La solitude effraye une âme de vingt ans")
Molière, "Le Contemplateur"
"Je suis le maître, je parle : allez, obéissez" (Corneille, Sertorius, et Molière, L'Ecole des femmes).
Imaginez deux scènes de théâtre, l'une comique et l'autre tragique, dans lesquelles figurera cette réplique."Hors d'ici tout à l'heure, et qu'on ne réplique pas !"
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Le comique de caractère : la haute comédie de mœurs et de caractère
« Changez le dénouement de la plupart des comédies de Molière et elles deviennent des tragédies. »
Qu’en pensez-vous ?
DOSSIER :
Fiche auteur
Résumé et schéma dramatique
Fiche : le comique (de farce burlesque : mots, gestes , de situation, de caractère)
Pages d’anthologie et citations
Analyse de la comédie : « catharsis » et « mimesis » (cf. problématiques)
Impressions personnelles
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LE PORTRAIT - L’ELOGE et LE BLAME (cf. La Bruyère, Les Caractères : excès et juste milieu)
Une enquête sur la place du sujet dans l’histoire de la communication et de la représentation
Vocabulaire : genre, registre ; dramaturge, spectateur ; dialogue et didascalies(internes/externes) : réplique, tirade, monologue
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Le Misanthrope ou l’Atrabilaire amoureux (1666)
Malade, en désaccord avec Armande, Molière s’éloigna quelque temps du théâtre pour achever cette comédie dont la représentation déconcerta le public qui accueillit toutefois avec plus de chaleur la farce du Médecin malgré lui (1666)
Avec Le Misanthrope, la comédie française classique accomplissait sa lente mutation de comédie d’intrigue en comédie de caractère, même si Le Misanthrope, à la différence de Phèdre (qui offre dans la tragédie, dix ans, offre le même type de mutation) est une succession de tableaux réunis par un fil alors que la tragédie demeure conformément à la tradition pourvue d’une véritable intrigue.
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L'émission « La grande librairie » du 12 novembre était consacrée à Molière avec, parmi les invités, Denis Podalydès (et des extraits de la représentation de L'Avare à La Comédie française)
Vous pourrez vous inspirer de son interprétation d'Harpagon pour votre audition de scènes comiques ( et ajouter la scène du quiproquo à votre répertoire : "les beaux yeux de ma cassette"...)