ETRE et PARAITRE
Le portrait d'Arrias, La Bruyère, 1688 (p. 328)
Littérature et engagement : l'éloge et le blâme
Portraits à travers les âges et les genres littéraires (Séquence 23 - pp. 323-351)
Une argumentation indirecte : la stratégie du détour d'un portrait en action et en situation
QUID ? UN PORTRAIT
(un portrait en paroles et en action => l'apologue)
QUIS ?
Qui est Arrias ?
Qui est La Bruyère ?
Qui est Arrias ?
Qui est La Bruyère ?
Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c'est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d'un grand d'une cour du Nord : il prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils en savent ; il s'oriente dans cette région lointaine comme s'il en était originaire ; il discourt des moeurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu'à éclater. Quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur : "Je n'avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d'original : je l'ai appris de Sethon, ambassadeur de France en cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance." Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée, lorsqu'un des conviés lui dit : "C'est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade."
*****
La question (pour l'exposé oral) :
Comment La Bruyère induit-il le blâme dans ce portrait ?
I. Un portrait en paroles et en actions : la stratégie du détour de l'apologue => une caricature
II. L'expression du blâme au siècle "classique" => une satire
Les discours narratif et descriptif, pp.409-412 (l'apologue*)
* l'apologue : court récit destiné à illustrer une morale, un enseignement, une leçon...
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I. Un portrait en paroles, en action et en situation : la stratégie du détour de l'apologue
COMMENT ?
QUIS ?
De qui est-il question ?
1. Le portrait : quel est le personnage principal de ce texte ?
Quels sont les personnages en présence ?
Qui est Arrias ? A qui parle-t-il ?
De qui est-il question ?
Qui parle à qui ?
Les marques de l'énonciation : le jeu des noms et des pronoms personnels
Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c'est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d'un grand d'une cour du Nord : il prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils en savent ; il s'oriente dans cette région lointaine comme s'il en était originaire ; il discourt des moeurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu'à éclater. Quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur : "Je n'avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d'original : je l'ai appris de Sethon, ambassadeur de France en cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance." Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée, lorsqu'un des conviés lui dit : "C'est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade."
2. Un apologue* : un portrait en paroles, en situation et en action
* un apologue est un court récit destiné à illustrer une morale
Comment ce portrait est-il composé ?
La variété des discours : comment La Bruyère met-il en scène son personnage ?
(p. 328 n° 3)
Le discours descriptif
Le discours narratif
Le discours direct
Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c'est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose.
On parle à la table d'un grand d'une cour du Nord : il prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils en savent ; il s'oriente dans cette région lointaine comme s'il en était originaire ; il discourt des moeurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu'à éclater.
Quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies.
Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur : "Je n'avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d'original : je l'ai appris de Sethon, ambassadeur de France en cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance."
Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée,
lorsqu'un des conviés lui dit : "C'est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade."
* rappel : un apologue est un court récit destiné à illustrer une morale
Conclusion partielle du 1er axe de lecture : une argumentation indirecte efficace
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CUR ?
On parle à la table d'un grand d'une cour du Nord : il prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils en savent ; il s'oriente dans cette région lointaine comme s'il en était originaire ; il discourt des moeurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu'à éclater.
Quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies.
Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur : "Je n'avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d'original : je l'ai appris de Sethon, ambassadeur de France en cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance."
Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée,
lorsqu'un des conviés lui dit : "C'est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade."
"Amant alternae Camenae"
3. La caricature : la morale de ce portrait sous forme d'apologue *
* rappel : un apologue est un court récit destiné à illustrer une morale
Quel défaut La Bruyère met-il en évidence ?
(p.328 n° 1)
De quel(s) autre(s) défaut(s) est-il question ?
Quelles sont les lignes de force de cette caricature ?
Quel est le principal défaut du personnage ?
Quelles sont les lignes de force de cette caricature ?
Quel est le principal défaut du personnage ?
Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c'est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose.
On parle à la table d'un grand d'une cour du Nord : il prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils en savent ; il s'oriente dans cette région lointaine comme s'il en était originaire ; il discourt des moeurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu'à éclater.
Quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies.
Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur : "Je n'avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d'original : je l'ai appris de Sethon, ambassadeur de France en cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement,que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance."
Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée,
lorsqu'un des conviés lui dit : "C'est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade."
On parle à la table d'un grand d'une cour du Nord : il prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils en savent ; il s'oriente dans cette région lointaine comme s'il en était originaire ; il discourt des moeurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu'à éclater.
Quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies.
Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur : "Je n'avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d'original : je l'ai appris de Sethon, ambassadeur de France en cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement,que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance."
Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée,
lorsqu'un des conviés lui dit : "C'est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade."
"in cauda venenum" *
* Tartuffe, I, 4 ("Et je vais annoncer à Madame"...) : l'art de la chute
Conclusion partielle du 1er axe de lecture : une argumentation indirecte efficace
La dramaturgie persuasive de l'apologue au service d'une morale : un récit plaisant (le registre ironique) et "enlevé" ; l'art de la caricature (la convergence des effets : lignes de force), de la concision et de la chute (rythme rapide)
=> L'ironie (dramatique)
"Instruire et plaire"
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CUR ?
II. L'expression du blâme au siècle "classique"
(p. 328 n° 4, 5 et 6)
(p. 328 n° 4, 5 et 6)
CUR ?
Qui est La Bruyère ?
cf. La querelle des Anciens et des Modernes
cf. La querelle des Anciens et des Modernes
1. Une dénonciation des excès par la caricature :
l'hyperbole ironique, l'ironie dramatique
(le registre comique : les comiques de situation et de caractère)
2. Un portrait satirique : une dénonciation de l'anti-"honnête homme"
"libido sciendi" et "libido dominendi"
"Castigat ridendi mores"
3. Le "style classique" du "grand siècle" : "le vieux style"
=>L'art de la "dispositio" (parataxe et litote) : un maximum d'effets avec un minimum de moyen
"Intelligenti pauca"
Ouverture : ETRE et PARAîTRE
Qu'est-ce qu'une "belle personne"* au XVIIème siècle ?
* La Princesse de Clèves, Madame de La Fayette
Une enquête sur la place du sujet dans l'histoire des représentations :
www.tempoemythe.blogspot.com
www.tempoestyle.blogspot.com
"Sil se vante, je l'abaisse ; s'il s'abaisse, je le vante ; et je le contredis toujours, jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il est un monstre incompréhensible"
Pascal, Pensées=> correction du devoir d'invention : "Je me reconnais (ou je refuse de me reconnaître) dans la démesure..."
Le portrait d'Arrias (p.328)
Arrias a tout lu, a tout vu, il veut le persuader ainsi ; c'est un homme universel, et il se donne pour tel : il aime mieux mentir que de se taire ou de paraître ignorer quelque chose. On parle à la table d'un grand d'une cour du Nord : il prend la parole, et l'ôte à ceux qui allaient dire ce qu'ils en savent ; il s'oriente dans cette région lointaine comme s'il en était originaire ; il discourt des moeurs de cette cour, des femmes du pays, de ses lois et de ses coutumes ; il récite des historiettes qui y sont arrivées ; il les trouve plaisantes, et il en rit le premier jusqu'à éclater. Quelqu'un se hasarde de le contredire, et lui prouve nettement qu'il dit des choses qui ne sont pas vraies. Arrias ne se trouble point, prend feu au contraire contre l'interrupteur : "Je n'avance, lui dit-il, je ne raconte rien que je ne sache d'original : je l'ai appris de Sethon, ambassadeur de France en cette cour, revenu à Paris depuis quelques jours, que je connais familièrement, que j'ai fort interrogé, et qui ne m'a caché aucune circonstance." Il reprenait le fil de sa narration avec plus de confiance qu'il ne l'avait commencée, lorsqu'un des conviés lui dit : "C'est Sethon à qui vous parlez, lui-même, et qui arrive de son ambassade."
*****"Ni rire, ni pleurer, mais comprendre", Spinoza
Lectures complémentaires : (l'apologue*)
* l'apologue : court récit destiné à illustrer une morale, un enseignement, une leçon...
Fables, La Fontaine
Candide, Voltaire (le conte philosophique)
"Les meilleurs livres sont ceux dont les lecteurs font eux-mêmes la moitié", Voltaire