Pré-correction de la dissertation : vendredi 11 février 2011 => compléter ce plan à l'aide des exemples de textes et de représentations que vous connaissez afin de développer l'analyse d'exemples précis.
Sujet : Le texte théâtral est-il suffisant en lui-même pour monter un spectacle ?
Proposition d’un plan dialectique : définition et illustration
Thèse : Le texte « en lui-même » peut paraître suffisant pour monter un spectacle
De quoi le « texte théâtral » est-il composé ? d’actes, de scènes, de dialogues (ou de monologues), d’indications scéniques (ou didascalies : internes ou externes) ;
Quelles sont les caractéristiques du « texte théâtral » : son oralité, la représentation qu’il suggère ( « mimesis » ), sa double fonction de divertissement et d’éducation ou d’information ( « catharsis » ) ?
Quelles informations « le texte » , « en lui-même » fournit-il au lecteur ou au metteur en scène ?
La double énonciation caractéristique du genre dramatique distingue le « texte théâtral » de toute autre forme de dialogue (dialogue : débat, conversation, dialogue philosophique, roman dialogué, etc.)
le texte (le sujet, l’intrigue, les personnages, etc.) : par exemple, les mariages forcés dans les comédies de Molière ;
les didascalies (internes ou externes) : les didascalies externes se multiplient au XIXème siècle ;
La mise en scène : le « texte » est en principe conçu en vue d’une représentation.
Dans l’absolu, suivant sa définition générique, il ne se suffit pas en lui-même, mais peut aussi se lire dans un « fauteuil » (selon Musset) ou s’étudier en classe.
Problématiser à partir de la réception de « texte théâtral » : par le lecteur, par le metteur en scène, par le spectateur.
Le spectateur n’est-il pas aussi , avec le metteur en scène, co-créateur du spectacle ?
La lecture ou l’étude ne sont-elles pas parfois indispensables pour comprendre le sens profond d’une œuvre dramatique ? (d’où la thèse de Musset de « théâtre dans un fauteuil » ) ;
N’est-il pas paradoxal de dénoncer la passion par le spectacle des passions au théâtre qui est « passion », d’allier le divertissement ( « mimesis » ) et l’éducation ( « catharsis » ) ?cf. la critique de Rousseau des spectacles dans sa « Lettre à d’Alembert »
La représentation : le rôle du metteur en scène (traduction/ trahison / valorisation du texte ? Est-il indispensable ?)
Document : l'interview de Roger Planchon : l'apparition du metteur en scène; l'intérêt de relire des "classiques"; une mise en scène qui "réopacifie" le texte
"C'est l'époque qui parle à travers moi"
Problématique historique : le dramaturge = le metteur en scène ? (Molière, Brecht, Wadji Mouawad... / ) : le metteur en scène = co-créateur (à partir du XIXème siècle) ?
Discuter / choix de mises en scène (scénographie et interprétation des comédiens) : effets sur le texte et la représentation ;
Document : Memento pour une lecture chorale, Yannick Mancel (polycopié)
le choix des comédiens et leur interprétation :
par exemple, l’indécence de Phèdre dans la mise en scène de Patrice Chéreau pour dénoncer la passion criminelle, la métaphore filée de la corrida pour dénoncer l’ « hybris » de la sœur du minotaure (problématiser / impudeur de Phèdre : nudité gratuite, provocation ?) ;
Dom Juan en « picaro » ou en « grand Seigneur méchant homme » ? (problématiser : ridicule, grotesque, paillard ou noble et inquiétant ? ); les différents effets de comique du théâtre de Molière, etc.
Les choix scénographiques (lulière, son, costumes, décors) :
Présence ou absence de costumes « d’époque » , reconstitution historique de la période représentée (Bérénice, Racine dans l’adaptation télévisée de Jean-Claude Carrière, Les Femmes savantes, Molière par « La Théâtrerie » ), actualisation de la mise en scène d’un « classique » (Phèdre, Patrice Chéreau), esthétique du dépouillement (Le Triomphe de l’amour, Stanislas Nordey), etc ; les procédés de mise en abyme et d’ironie dramatique : Orgon caché sous la table dans Tartuffe de Molière ; Néron caché dans Britannicus de Racine, II, 6 ; les travestissements dans le théâtre de Marivaux ; sobriété du décor de Jacques Doillon dans l’adaptation télévisée de Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute.
Interprétation : co-création ou re-création ?
Interpétation des comédiens : jeux outrés ( « surjoué ») ou voix « blanche »… Comparer le théâtre intimiste de Nathalie Sarraute à la tragédie de Racine…
Le jeu « corseté » de Phocion dans Le Triomphe de l’amour de Marivaux mis en scène par Stanislas Nordey au TNB, la distanciation « brechtienne » de son théâtre « engagé » …
Déformation ? Trahison du « texte » ? (cf. l’interview de R. Planchon : le metteur en scène « ré-opacifie » l’œuvre)
Problématiser :
Complémentarité de la représentation et de la lecture (ou de l’étude) ;
Séductions de la stratégie du détour (au sens mélioratif comme au sens péjoratif du terme de « séduction » ) ;
La magie de la représentation théâtrale n’est-elle pas détrônée par « le septième art » ?
Cas particulier de la tragédie qui n’est presque plus représentée… Pourquoi ?
L’engagement du metteur en scène peut être plus ou moins affirmé…
A suivre ...